Repenser les classes sociales
Les Brexiters, les électeurs de Trump, les Gilets jaunes l’ont rappelé avec fracas: il existe encore des «classes sociales». On a même affaire à un mouvement transfrontières, réuni par des conditions de vie similaires, des orientations politiques proches, des intérêts communs, qui se mobilise dans les urnes ou dans la rue. Les classes populaires n’auraient donc pas disparu. Une identification horizontale peut encore traverser les couches les moins aisées, des causes transversales peuvent les reconstituer en bloc social, ébranler les équilibres du pays concerné et même au-delà de ses frontières. Le concept de classes sociales était tombé en désuétude au profit des catégories socio-économiques, définies en fonction du revenu, de la profession et du niveau d’instruction. Ces définitions de curriculum vitae masquent tout déterminisme social et avec lui toute idée de reproduction sociale des élites et de la base. Ce paradigme a privilégié un modèle de groupe unique de consommateurs, non déterminés par leur trajectoire sociale.