Vous avez peut-être vu le documentaire très intéressant d’Arte, « Propaganda, la fabrique du consentement ». Je le recommande car il montre comment le principe de la « psychologie des foules » a pris son essor dans l’Amérique des 30 glorieuses pour faire aujourd’hui partie de l’ADN des démocraties, de manière fort paradoxale et contradictoire. Je résume et commente ici ce documentaire réalisé en 2017 par le Français Jimmy Leipold et disponible sur YouTube jusqu’au 23 décembre 2019.
Tout d’abord, il est bon de rappeler à ceux qui sont adeptes de films hollywoodiens (et j’en fais partie) que la propagande, ce n’est pas juste l’affaire des ennemis de l’Occident, à savoir les Russes, les Iraniens, les Nord-Coréens ou les Chinois. La propagande existe bel et bien à l’Ouest, elle opère ici tous les jours et ses fondements théoriques trouvent même leur berceau en Europe et aux Etats-Unis. Le principe de la psychologie des foules, théorisé initialement par le Français Gustave Le Bon en 1895, a été développé par les chefs de file des « relations publiques », qui ont inventé la propagande politique puis commerciale dans l’Amérique de 1917 aux années 1950, après quoi cette méthode est devenue largement mainstream dans la politique et l’économie, soulevant de sérieuses considérations que nous analyserons en fin d’article.
Le publicitaire austro-américain Edward Bernays (auteur du livre « Propaganda » en 1928) a œuvré, des années durant, avec d’autres conseillers en relations publiques tels que Walter Lippmann et Doris Fleischman, pour le compte de la Maison Blanche et de grandes entreprises, dans le but de faire accepter aux Américains certaines politiques gouvernementales, et d’avancer de gros intérêts industriels (tabac, agroalimentaire…). Il a fait ses armes en conseillant la Maison Blanche sur les manières de faire basculer l’opinion publique en faveur d’une entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 alors qu’elle y était profondément hostile. En parallèle, Edward Bernays a été consulté par des patrons pour étouffer des révoltes de salariés. En 1914, le massacre de 26 grévistes dans une usine de charbon appartenant à la famille Rockefeller a mené Bernays, au sommet du conflit social entre travailleurs et grandes entreprises, à appliquer à nouveau les méthodes de propagande pour faire adhérer les classes ouvrières au modèle de société qu’elles rejetaient alors: le capitalisme industriel. Ensuite, ces méthodes ont permis de faire adopter la cigarette aux femmes, à la demande de American Tobacco, alors que les femmes n’étaient pas autorisées jusque-là à fumer. Stratégie devenue classique, des femmes influentes ont été enrôlées pour faire un « coup d’éclat pour la libération des femmes », en se mettant à fumer publiquement, ce qui conférait à cet acte des airs de rébellion spontanée et un esprit de liberté. Cela rappelle étrangement les campagnes saoudiennes menées en Egypte et en Afrique du nord dans les années 1980 en faveur du voile islamique, à l’aide de speakerines et d’actrices influentes, devenues voilées du jour au lendemain, et incitant (regard pieux et visage démaquillé) les autres femmes à choisir, elles aussi, le droit chemin.
Dans l’Amérique des années 1940-50, des campagnes publicitaires associant des médecins à des marques de cigarettes furent diffusées à la TV américaine (« les médecins préfèrent Camel »), pour attester des bienfaits du tabac. Des campagnes pour promouvoir les effets très sains du bacon avec les œufs au petit déjeuner ont permis de rendre indispensable cet ingrédient dans le repas matinal de millions d’Américains.
Mais cette activité pouvait aussi traverser les frontières et avoir des conséquences géopolitiques majeures. Edward Bernays a ainsi monté une campagne de propagande pour l’entreprise bananière United Fruit Company en vue de décrédibiliser le président Arbenz du Guatemala, qui menaçait les intérêts de la firme en nationalisant les terres. Bernays était financé par la United Fruit Company pour informer les journalistes – officiellement « de manière indépendante »- sur la situation au Guatemala, organisant des voyages de presse anti-Arbenz pour leur faire part de la « menace soviétique » que représentait ce pays, cela en occultant totalement l’argent du sponsor et ses intérêts. Les journalistes ont relayé sans mot dire toute l’information idéologiquement orientée sur le Guatemala ainsi transmise, réalisant seulement après-coup (mais un peu tard) qu’ils avaient été utilisés et manipulés par la United Fruit Company pour légitimer un coup d’Etat. Cette campagne a mené, en juin 1954, au coup d’Etat soutenu par la CIA qui a renversé le président Arbenz (qui avait été élu démocratiquement) lors d’un conflit armé qui fera 200’000 morts au Guatemala. Cette méthode deviendra le modus operandi de la politique étrangère américaine par la suite, en Amérique latine comme au Moyen-Orient, aidée par une propagande politique qui, à travers des médias conciliants et peu vigilants, favorisera la désinformation et donc le consentement de la population pour des guerres d’ingérence incessantes, et démontrant le potentiel d’abus manifeste des techniques de manipulation de l’information.
Fait notable, à chaque fois, le travail réalisé par les conseillers en relations publiques a permis à de gros intérêts de prévaloir avec succès, au prix d’énormes mensonges. Même le slogan « The American Way of Life », montre le documentaire, provient de slogans publicitaires encourageant la consommation mue par le désir, et non plus seulement par le besoin (insuffisamment lucratif). On réalise à quel point les « valeurs de l’Amérique », qui ont fait tant rêver de par le monde, proviennent de messages publicitaires, d’affiches commerciales datant de cette époque de boom du marketing. La vaste diffusion de cet idéal doit aussi beaucoup aux messages politiques conçus par des penseurs de la psychologie des foules et des conseillers en influence sous Roosevelt et les administrations suivantes. Enfin, dans la diabolisation des régimes adverses qui avait cours dès la première guerre mondiale, on voit clairement le rôle extraordinaire qu’a eu la propagande (rebaptisée « relations publiques » à des fins de meilleure acceptabilité) dans le fait d’imposer la démocratie capitaliste comme le meilleur système possible. Comme l’expliquait Bernays lui-même, on peut utiliser les idées comme des armes (« ideas as weapons »), la réussite dans ce domaine consistant à amener les masses à soutenir des politiques ou des modes de consommation qui peuvent être contre leur propre intérêt.
Etonnamment, même quand les ficelles de la propagande commerciale américaine ont été révélées en détail, quand Edward Bernays a publié son livre « Propaganda » en 1928, puis « The Engineering of consent » en 1947, ces méthodes ont continué à fleurir et à faire basculer des opinions publiques à 180°, à susciter l’engouement des masses, comme si personne n’y voyait que du feu. En d’autre termes, ces techniques ne sont nullement un secret, tout un chacun peut trouver une version gratuite du livre de Bernays et une version gratuite du livre de Gustave Le Bon, et les étudier en long et en large, mais cela ne change rien à la poursuite de ces pratiques trompeuses, mensongères et parfois criminelles, suivant la gravité de l’information d’intérêt général qui est dissimulée au public. Cela montre l’effet irrépressible de ces techniques, qui vous manipulent même si vous avez tout loisir de les connaître et d’y faire barrage. Comment expliquer cette capacité que l’on a à être sans cesse bernés? A l’heure actuelle, par exemple, si Donald Trump se retrouve en difficulté, ses conseillers pourraient le convaincre de lancer une guerre. Il se trouve que, pour l’heure, il n’est pas acquis à l’idée d’attaquer l’Iran, préférant les guerres commerciales. Mais s’il devait l’être, s’il y voyait son intérêt pour se maintenir au pouvoir, une campagne de communication serait montée pour retourner, une fois de plus, l’opinion publique afin qu’elle haïsse l’Iran, y voie la plus grande menace pour l’Amérique. Le storytelling serait à peine différent de celui de l’Irak, de la Libye, ou de la Syrie, et pourtant aucun doute: cela fonctionnerait encore.
Ce concept de « gouvernance du peuple » s’est généralisé pour devenir une façon de faire solidement implantée dans nos sociétés. Or certains historiens critiques, cités dans le documentaire, notent à juste titre le caractère profondément anti-démocratique de ces méthodes, car elles ne font au final que de promouvoir et de concrétiser, pour des commanditaires, des objectifs et des intérêts spécifiques, et non l’intérêt public, en aveuglant et désinformant le public. Le mécanismes psychologiques utilisés par ces « ingénieurs du consentement », qui ont fait de la « démocratie une mascarade », comme le conclut un historien, reposent sur l’idée de l’oncle de Bernays. Cet oncle n’est autre que Sigmund Freud, dont il a été influencé durant toute sa jeunesse en Autriche. L’idée de Freud, explique Edward Bernays, est qu’on pense être régi par notre pensée rationnelle et logique; mais en réalité on est largement régi par notre inconscient, qui nous pousse vers des désirs et des quêtes qui nous meuvent, parfois puissamment et souvent à notre insu, ce qui veut dire que les communicants n’ont qu’à court-circuiter notre logique et notre rationalité pour en appeler directement à notre inconscient et à nos désirs et peurs enfouis.
J’ai analysé, dans un précédent édito, appelé « La désinformation, l’arme numéro un », à quel point ces pratiques sont encore florissantes de nos jours, aidées par les réseaux sociaux et la viralité du web, et j’ai donné les exemples de cabinets privés comme Psy Group, Terrogence ou Black Cube, ces firmes de « relations publiques » contemporaines capables de détruire des réputations, de monter des communautés les unes contre les autres, et d’achever les pires besognes pour des dirigeants malhonnêtes, comme l’a montré l’enquête très documentée du New Yorker. Certaines sont hors circuit pour activité illégale, d’autres opèrent encore, d’autres se créent par dizaines. De même, des firmes comme Blackwater (aux Etats-Unis) offrent aujourd’hui des « services privés de coups d’Etat« , le patron de cette société, Erik Prince, ayant pitché (pour l’heure sans succès) l’administration Trump pour renverser Maduro au Venezuela à l’aide de 5000 mercenaires, ceci pour la modique somme de 40 millions de dollars. En général, l’activité de propagande sera au cœur de la stratégie de guerre car il s’agit d’avoir du soutien populaire et de blanchir ce type d’opérations.
Si la propagande fonctionne autant sur les foules, c’est parce que les citoyens ne font pas suffisamment l’effort de s’informer et ne sont nullement vigilants face aux informations qu’on leur sert, même aujourd’hui, après tous les mensonges d’Etat révélés. Or dans le monde actuel, il n’y a plus d’excuses pour se laisser berner: sur Internet, on peut réellement se réinformer, trouver différents points de vue, consulter une multitude de sources, et aussi en débattre avec d’autres citoyens ou groupes de discussion.
A l’argument qui voudrait dénoncer la manipulation des esprits par les relations publiques, Edward Bernays a répliqué qu’au contraire, cela n’est nullement un mal, puisqu’il existe une libre concurrence des propagandes et que quiconque peut vanter les causes et politiques qu’il souhaite dans nos démocraties. Mais ceci est inexact. La propagande et la publicité coûtent cher. Ceux qui ont les moyens de diffuser largement leurs messages partent déjà gagnants. Le autres auront systématiquement moins de force de frappe et de moyens de convaincre que ceux qui ont de gros budgets de relations publiques. C’est même une banalité que de dire que les moyens – et donc les effets – sont inégaux.
Si bien qu’en réalité, on se retrouve face à un monde de l’information où dominent des messages financés par quelques gros intérêts, qui diffusent leur communication dans un but qui n’est pas d’intérêt public. La majorité des messages que le citoyen voit aujourd’hui ne sont nullement représentatifs de la population globale, car des intérêts privés ou un petit nombre de personnes créent des fictions publiques et mobilisent des masses dans le sens de leurs propres agendas. Nous vivons donc dans une société où les volumes d’information sont proportionnels aux moyens de celui qui a payé pour les diffuser, ce qui mène à une inévitable distortion de l’information – des intérêts très spécifiques pouvant dominer la scène – voire à une désinformation récurrente, qui nécessite un esprit critique très acéré. Un des grands travers de la communication d’influence qui travestit la réalité, est que le contre-coup est d’autant plus dur lorsqu’éclate un scandale, et que la réalité est révélée: l’écart est alors gigantesque entre ce qui a été raconté par les relations publiques, et la personne réelle, ou la situation réelle. Mais la mémoire du public est courte et, la fois suivante, on y croit de nouveau, jusqu’à la déception inévitable.
La seule manière de battre la « fabrique du consentement », est de s’exposer constamment à une pluralité de vues, ne jamais se contenter d’une seule source. Une information d’une grande entreprise doit être contrecarrée par le point de vue des consommateurs, des employés, des ONG. Une information d’un gouvernement en campagne ou en guerre doit – évidemment – être contrecarrée par le point de vue des opposants internes, ou du pays ennemi, dont on devrait consulter les médias, non pas pour tout gober, mais pour se situer entre les deux argumentaires. Ces informations équilibrées ont dramatiquement manqué durant les guerres de l’ex-Yougoslavie, d’Irak, de Libye et de Syrie et continuent de faire défaut dans le champ général de l’information. En chaque consommateur d’information doit résider un « réinformateur », capable de se demander d’où vient le message, quels intérêts il sert (de façon ouverte ou couverte), et de challenger (défier, en bon français) frontalement cette vision, pour la mettre à l’épreuve et tendre vers plus de transparence et d’objectivité.
La plus belle propagande, en réalité, celle pour laquelle il est valable de se battre, est celle de l’intérêt public. Toutes les autres aussi son valables dans un système concurrentiel où le citoyen n’est pas otage d’un discours monopolistique. Qui finance aujourd’hui l’information d’intérêt public? Très honnêtement, quasi personne. Et c’est là que certains interlocuteurs se grattent la tête et objectent, ma foi, qu’on « ne sait pas trop ce que veut dire l’intérêt public ». A ces bien peu curieux, pour qui cette notion est restée parfaitement étrangère, nous répondons que la définition est très simple. Il s’agit de l’intérêt citoyen le plus large, l’intérêt commun à la nation, l’intérêt des électeurs, qui incluent des salariés, des consommateurs, des administrés, des épargnants, des assurés, des lecteurs, des téléspectateurs. Bref, on parle de favoriser le meilleur intérêt de ceux-là qui sont les seuls, dans l’affaire, à ne pas payer pour diffuser une information à but intéressé, mais qui en revanche la subissent en continu et en dépendent pour leur bien-être économique, social et pour leurs choix démocratiques. Et qui, aujourd’hui, pourraient reprendre le contrôle de l’information, lire Bernays et Le Bon, et se forger enfin leur propre grille de lecture. Le droit à l’information, je l’ai déjà écrit, devrait figurer au nombre des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution.
Du point de vue des élites, on peut aussi disputer l’idée selon laquelle, fondamentalement, les classes sociales ont des intérêts divergents. Une courte vue concéderait qu’elles ont a priori des intérêts divergents. Mais la réponse cynique n’est pas la bonne. Elle consiste, comme le font les dirigeants évoqués dans ce documentaire, à manipuler les classes dominées dans le sens des intérêts des classes dominantes. Mais la réponse éclairée, la solution responsable, durable et avantageuse sur le long terme est pour les élites de contribuer au développement humain et à l’élévation de l’ensemble de la société, en la faisant prospérer. Ceci car l’économie d’un pays, la vigueur de la consommation, le niveau d’endettement, les taux de mortalité, la richesse de la nation, l’indice des inégalités, seraient infiniment meilleurs si des politiques d’intérêt plus large étaient menées. Ceci n’est pas seulement un argument moral mais avant tout un argument économique et social responsable, gagnant à long terme, qui a depuis toujours imposé la supériorité des démocraties sur les oligarchies. Car le coût total de politiques visant à désinformer, mal répartir, appauvrir, mettre en danger la santé, puis réprimer la colère sociale est, au final, gigantesque et infiniment supérieur sur le long terme. C’est donc à un mauvais calcul économique aussi et d’abord que l’on peut conclure.
Une dernière chose: il est vrai qu’en chacun de nous, il y a le désir de l’engouement, de la ferveur, de l’adhésion fanatique, de la passion. Ces sentiments sont galvaniseurs; on se sent vivant, vibrant. Et c’est pourquoi, d’une certaine manière, on aime se laisser embrigader, on aime être enivrés. Rechercher l’équilibre et l’objectivité, à l’aide d’un travail minutieux et patient, éviter tout emballement, s’avère en comparaison d’un ennui mortel. C’est un effort, un travail, qui est ingrat et ne fait pas battre le cœur. Mais il faut simplement se rappeler qu’on devrait choisir très sélectivement ses engouements. Lorsqu’il s’agit d’aduler son équipe de foot, de la vénérer, de hurler lorsqu’elle marque un but, cela est sans graves conséquences et ne pose nul problème. Il n’y a pas (presque jamais) de morts, de dégâts humains à long terme. Mais lorsqu’il s’agit de questions de politique nationale, de guerres, de santé des consommateurs, de sécurité économique et de stabilité de l’emploi, et au final du rayonnement durable de notre civilisation, il en va tout autrement: là, il n’y a plus de place pour l’aveuglement, consenti ou non.
Bravo, comme d’habitude, droit à l’essentiel.
Merci pour votre article. Maintenant la question de l’intérêt général est clair dans votre propos néanmoins une lecture « marxiste » permettrait de nuancer : le plus gd nombre a-t-il les mêmes intérêts ou des classes différentes ont des intérêts divergents ? Les épargnants ou les chômeurs ont ils un intérêt commun ou divergent ? Ou justement des « biens communs » ne se recoupe pas sous l’intérêt général…
Excellent.
On pourrait aussi citer Serge et si « viol des foules par la propagande politique qui complète ce tableau.
Mais les crises auxquelles sont confrontées les options « cupides » trouvent leur résolutions dans des concentrations de plus en plus prédatrices des moyens de production, et à présent des outils financiers.
On l’a encore vu en 2008.
L’exercice du libre arbitre est complètement faussé par le désespoir ainsi entretenu de voir un jour basculer ce système.
Cela dit, je signe totalement cette superbe analyse.
Je parlait de Serge Tchakhotine, « le viol des foules par la propagande politique » écrit au début des années 1930
(https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Serge_Tchakhotine)
SUISSE 1992: « Le Grand chambardement ».Faut-il oui ou non entrer dans l’Espace Economique Européen ? Argument de poids avancé par le Propagandastaffel: OUI ! « Ainsi il n’y aura plus de guerre eu Europe !* (sic !) Le peuple suisse a refusé l’initiative populaire fédérale en question malgré la pression des partis gouvernementaux hormis l’UDC. Il s’en félicite aujourd’hui ! C’était une roue é cliquet. Une fois le petit doigt engagé dans le mécanisme:: impossible de s’en extraire !!! https://www.rts.ch/archives/tv/information/grand-chambardement/3444505-face-au-public.html